Penser Le Monde souhaite, par cette série que nous démarrons, vous proposer une réflexion sur les évolutions d’un monde qui se renouvelle/en mutation.
Un continent peu touché par le coronavirus et une résilience qui étonne
Alors que les grandes puissances mondiales, malgré les meilleurs systèmes de santé au monde, ont été ébranlées par la pandémie du covid-19, leurs experts et leaders d’opinion n’ont cessé d’alimenter les discours catastrophistes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à l’encontre du continent africain. Dans la foulée des mesures de distanciation sociale prises en Europe, de nombreux pays africains ont également imposé un confinement partiel ou total de leurs populations afin de freiner la propagation.
Après plusieurs semaines de confinement et avec moins de 2 000 décès à ce jour pour près de 43 000 cas confirmés, l’Afrique est la région la moins touchée par cette pandémie. Certains pays envisagent un allègement progressif des restrictions suite à une amélioration de quelques indicateurs épidémiologiques. Si l’OMS reste prudente et préoccupée par la situation en Afrique, celle-ci fait preuve d’une formidable résilience que les précédentes crises sanitaires (Ebola) ont forgée. Bien sûr, la réalité de la propagation est probablement sous-estimée en raison de l’imperfection des données. « Pour autant le chef du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies, John Nkengasong, écarte l’idée que de nombreux cas passent sous les radars : « Les hôpitaux seraient envahis de malades, ce qui n’est pas le cas », pointe-t-il à l’AFP » note Le Point. Et les Etats africains, souvent critiqués pour leurs défaillances dans la gestion de certaines crises, n’ont pas attendu une aide internationale avant d’agir.
Les Africains n’attendent plus le salut de l’occident qui s’est montré impuissant face au coronavirus.
Face à la recherche scientifique occidentale, la pharmacopée traditionnelle africaine entend proposer une alternative à la médecine classique, à l’instar du traitement curatif contre le Covid-19 à base d’artemisia mis en place par Madagascar. Plusieurs d’Afrique de l’ouest et du centre accueillent cette favorablement initiative. Les Africains n’attendent plus le salut de l’occident qui s’est montré impuissant face au coronavirus. Conscients des forces et faiblesses de leurs sociétés, ils rusent d’ingéniosité et de pragmatisme pour prendre leur destin en main. Résolument acteurs des évolutions du continent, ils participent à façonner le monde de demain, dans lequel une personne sur quatre sera africaine. Si l’image que nous revoit l’Afrique est celle d’une région biberonnée à l’aide au développement, ne nous y-trompons pas, le futur est en Afrique et il est grand temps de s’y résoudre. Parce que nous partageons une proximité géographique et une histoire commune et que nos destins sont étroitement liés, changeons de regard sur l’Afrique afin de mieux comprendre nos sociétés européennes et ainsi penser notre monde à venir.